Qu’est ce que la rééducation pelvienne (RP) ?

La Rééducation Pelvienne aborde l’approche des différents problèmes de la région pelvi-périnéale comme l’incontinence urinaire ou fécale, la rétention urinaire, la constipation, la descente d’organe, certains troubles de la sexualité ou encore les douleurs chez les adultes hommes et femmes, ainsi, que chez les enfants.  

  1. Il peut s’agir d’une prise en charge curative conservatrice des symptômes uro-gynécologiques & proctologiques : C’est-à-dire sans avoir recours aux techniques opératoires ou médicales. 
  2. Prise en charge pré-opératoire : Explication au patient de conseils et exercices musculaires du plancher pelvien, en amont de l’opération, afin que celle-ci donne de meilleurs résultats post-opératoires.
  3. Prise en charge post-opératoire en phase aiguë : Continuation et adaptation des exercices appris lors de la phase pré-opératoire.

Quelques techniques de kinésithérapie qui peuvent être utilisé en RP

Éducation thérapeutique :

Afin de rendre le patient autonome dans sa prise en charge, il est essentiel qu’il puisse comprendre ce qui lui arrive et comment agir. Une partie importante du traitement kinésithérapeutique sera donc basée sur la transmission d’informations concernant l’anatomie et le fonctionnement du périnée, de la miction, de la défécation, la physiopathologie, etc. lui donner des explications claires et rassurantes afin qu’il reste motivé et participatif à son traitement.

L’approche (ré-) éducative cognitivo- comportementale

Afin de modifier/ adapter/ supprimer certaines habitudes de vie du patient en lui apportant des conseils judicieux et adaptés. 

Un exemple d’outil fréquemment utilisé est le calendrier mictionnel qui servira de base à l’identification et la correction d’habitudes à risque. En voici d’autres : 

  • Explication sur les habitudes positionnelles mictionnelles et défécatoires
  • Entraînement comportemental de la vessie
  • Conseils hygiéno-diététiques : alimentation, recommandations sur la consommation des boissons, profession, activités physiques, activités sportives, relations intimes…  
  • Conseils sur le hometraining

La motivation et la participation active du patient sera primordiale pour de bons résultats dans la durée !

Le travail des muscles du plancher pelvien

Proprioception

Prendre conscience de leur schéma corporel et de la spécificité de contraction périnéale (conscientisation). Le kinésithérapeute peut aussi s’aider d’un contrôle manuel ou des appareils qui permettent de visualiser les contractions pour le patient (le biofeedback).

Renforcement

Comme pour tout autre muscle, le fonctionnement des MPP peut être amélioré par des exercices. Il s’agit d’exercices de contraction/relaxation avec contrôle manuel du kinésithérapeute. Cette technique permet de faire ressentir/visualiser la zone à travailler/relâcher, à guider le patient (proprioception), et renforcer les MPP si nécessaire.

La rééducation manuelle peut se faire sous contrôle du kinésithérapeute via un toucher vaginal et/ou anorectal afin de permettre au kinésithérapeute d’apporter des corrections au patient et, plus tard d’y ajouter une résistance progressive. 

Si les MPP sont trop faibles pour obtenir une contraction volontaire, le kinésithérapeute peut avoir recours à l’électrostimulation pour améliorer la réponse musculaire. Il s’agit de prodiguer au périnée une stimulation électrique infra douloureuse par l’intermédiaire d’une sonde intra cavitaire, d’électrodes ou de capteurs. 

Relaxation

Traitement de la dyssynergie (manque de coordination)

Intégration dans le schéma corporelle

Prise de conscience des muscles profonds et contrôle moteur.Il existe toutes sortes de concepts qui    se concentrent sur l’amélioration de la fonction des muscles profonds (transverse abdominal, multifides, MPP,). Ce travail permet d’améliorer le contrôle moteur et la synergie neuro-musculaire (anticipation, timing et co-contractions).

Electrostimulation 

  • Prise de conscience des MPP (voir plus haut)
  • Inhibition de la vessie : normalement la vessie ne peut pas se contracter en dehors des mictions. Chez certains patients la vessie n’en fait qu’à sa tête, et se contracte en dehors des mictions (une vessie « nerveuse »). La stimulation à basse fréquence est un chouette outil pour agir sur une vessie hyperactive, c’est-à-dire que la sensation d’urgence et la fréquence mictionnelle diminueront. 
  • Douleur : effet antalgique. 

Concrètement, l’électrostimulation peut se faire en intra-cavitaire ou au niveau du nerf tibial postérieur (sur la cheville). Dans certains cas, le kinésithérapeute peut recommander un appareil d’électrostimulation au patient afin qu’il réalise ce traitement à son domicile.

Les Massages

  • Le massage tissulaire en cas de cicatrice d’épisiotomie, césarienne ou chirurgie.
  • Le massage périnéal est utilisé pour relâcher et assouplir le périnée, améliorer sa vascularisation et diminuer la douleur.
  • Le massage abdominal en cas de constipation/fécalome

La Rééducation autour de la Périnatalité

  • Préparation Abdo-Périnéale à l’accouchement 
  • Rééducation post-natale (suite accouchement par voie basse ou césarienne).

Explications et proposition d’accessoires

ils peuvent être utilisés comme adjuvants aux exercices. Le thérapeute peut parfois recommander l’utilisation de cônes vaginaux, de Facilitateurs (dilatateurs) vaginaux, de Pessaire (dispositif intravaginal pour le maintien d’un prolapsus par exemple), etc.

Comment reconnaître un kinésithérapeute spécialisé ?

Vous trouverez sur notre site une carte qui vous permet de trouver un kinésithérapeute répondant à ces normes.

Le kinésithérapeute qui prend en charge les troubles liés à la sphère pelvi-périnéale doit avoir une Qualification Professionnelle Particulière (QPP) en rééducation abdomino-pelvi-périnéale et kinésithérapie périnatale suivant les modalités décrites dans l’Arrêté Ministériel (AM) de 2016. Cet AM stipule aussi les modalités pour maintenir la QPP. C’est-à-dire se former en continuité, auprès d’experts nationaux et internationaux, afin de suivre au mieux les avancées scientifiques. Il suit des recyclages, des cursus supplémentaires, des congrès, des webinaires. Il continue sa formation de qualité par le biais de lectures d’ouvrages scientifiques, et participe régulièrement à des réunions collégiales entre kinésithérapeutes spécialisés et autres thérapeutes de la sphère pelvienne (GLEK/ Peer Review, etc.). 

Le kinésithérapeute spécialisé est sensibilisé à la démarche EBP (Evidence Based Practice), c’est-à-dire qu’il va considérer le périnée comme une entité globale, ce qui suppose une prise en charge globale des anomalies anatomiques et fonctionnelles. Il ne traitera donc pas une pathologie, mais une personne dans son ensemble sur base de son expérience professionnelle et des dernières évidences scientifiques disponibles. 

Afin d’avoir une prise en charge globale du patient, le kinésithérapeute travaille en collaboration multidisciplinaire, c’est-à-dire avec le médecin généraliste traitant, avec les spécialistes médicaux,  le gynécologue, l’urologue, le chirurgien, l’oncologue, l’andrologue, le gastro-entérologue, le pédiatre, le neurologue, le dermatologue, le radiologue, l’anesthésiste, le radiothérapeute, l’infirmière, le diététicien, le nutrithérapeute, le psychologue, le sexologue, l’assistant social, l’ostéopathe, les kinésithérapeutes/ergothérapeutes, le posturologue, le podologue, etc.